Perdre du poids … en mangeant !
Il est toujours surprenant pour moi de constater combien ma profession de diététicien – nutritionniste souffre d’un déficit d’image. Cette semaine encore un patient me rapporte qu’il transmet mes coordonnés à ses copains en disant « elle n’est pas comme les autres, avec elle tu auras le droit de manger et ce que tu aimes ».
La profession de diététicien-nutritionniste existe depuis 1947. Au début la logique l’a emporté : excès de poids = excès de calories donc perte de poids = diminution des calories.
Quand j’ai fait mes études dans les années 1990, le discours avait peu changé. On étudiait le nombre de calories nécessaires à la personne et on faisait une répartition pour la journée. C’était un peu le même principe que les calculs de points de la méthode Weight Watcher. En général ça fonctionnait plutôt bien… à cours terme. En effet les personnes lâchaient les consignes et les poids remontaient avec un bonus plus ou moins variable.
Quand je me suis installée en libéral, et que je voyais beaucoup plus de patients en demande de perte de poids, je me suis aperçue qu’il y avait vraiment des limites à cette logique. Oui certains maigrissaient en mangeant moins, mais pour beaucoup manger moins les affamaient, et surtout la perte de poids n’arrivait pas ou s’arrêtait net.
Il y avait donc autre chose, d’un peu plus complexe. Et finalement en ne regardant plus le corps comme une simple voiture dans laquelle on met plus ou moins de carburant, mais comme un organisme extrêmement complexe et bien fabriqué j’ai compris que la solution n’est pas de manger moins pour maigrir mais de manger mieux.
Et j’en apprends encore tous les jours sur le fonctionnement de ce corps si bien fait que l’on vient perturber à grand coup de médicaments, d’additifs, d’OGM, de privation et de sciences.
L’observation des différents métabolismes, les moments dans la journée auxquels ils se déclenchent, les petits éléments non énergétiques nécessaires à ces métabolismes, les messages qu’envoient le corps de faim ou de satiété, mais aussi la qualité du sommeil, l’état de fatigue, l’histoire de l’installation du surpoids, l’état du transit, l’humeur, les douleurs diffusent, la pratique d’un sport, la prise de médicaments, les maladies chroniques, Toutes ces informations sont à prendre en compte pour construire les besoins alimentaire d’une personne, pour lui apporter les éléments nutritionnels dont elle a besoin au moment où elle en a besoin. Notre alimentation nous est très personnelle, il n’est pas possible d’en écrire un livre qui servirait à tous.
Et en m’adressant à une personne dans sa globalité et non plus à un réservoir de carburant énergétique, je m’aperçois que non seulement mes patients perdent du poids, mais surtout ils vont mieux, dorment mieux, ont moins mal, ont un meilleur transit, ont le ventre qui dégonfle, ont moins de migraines, sont de meilleur humeur, bref leur corps fonctionne mieux
Et finalement en approfondissant un peu, est ce seulement une perte de poids que vous veniez chercher ou un mieux être global ?
Petite réflexion sur la perte de poids par Virginie Bales diététicienne nutritionniste à Paris 17